Le magnétisme chez les Grecs
- nicolasgallois
- 26 août
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Dernière mise à jour : 30 sept.
Inspirés de la civilisation Egyptienne avec laquelle ils ont beaucoup commercé, les grecs reprennent un grand nombre de traditions de soin développés par l’Egypte qu’ils vont remodelés par le prisme de leur culture.
Tout comme en Egypte, les Grecs et les Romains sont de grands adeptes du magnétisme. La raison la plus évidente est bien évidemment leurs échanges commerciaux et intellectuels avec cette civilisation à laquelle ils ont emprunté de nombreuses approches, dont les médicales (vu au sens très large d’accompagnement des personnes dans l’amélioration de leur santé). Tout comme les Egyptiens, il n’existe pas encore de « magnétiseur » comme discipline autonome mais plusieurs approches qui se juxtaposent.

Le magnétisme chez les Grecs : 1. L’âme du monde
Pythagore et les autres philosophes Grecs considèrent l’existence d’un principe universel (que l’on qualifierait aujourd’hui d’énergie, de fluide) qui régit tout l’univers (dont on peut faire un parallèle avec l’Alchimie). Avec les stoïciens, ce fluide, capable de pénétrer tous les corps (et pas seulement l’homme) est le moteur de toute vie sur terre et se nomme la Grande âme du monde.
Les âmes sont considérées comme éternelles et constituantes d’un grand tout dans lequel elles reviennent à la disparition du corps physique. Fénélon, dans Télémaque, illustre parfaitement cette théorie : « L'âme universelle est un vaste océan de lumière, nos âmes sont autant de petits ruisseaux qui y prennent leur source et retournent s'y perdre ». L’être humain va pouvoir agir sur ces éléments et l’on retrouve ici l’approche du microcosme – macrocosme qui sera théorisé quelques siècles plus tard durant le moyen-âge.
Le magnétisme chez les Grecs : 2. Esculape, le magnétisme et la médecine grecque
Le dieu de la médecine Grecque est Esculape qui est vénéré dans d’innombrables temples très fréquentés, dénommés également les Asclépions en hommages aux prêtres qui y apportent les soins, les Asclépiades. A propos du temple de Thrace par exemple, Galien indique qu’il « était toujours plein d'une multitude de Grecs et de barbares, qui tous, attestaient avoir vu le dieu, non pas en apparence, mais lui-même en réalité, marquant sa présence par des oracles et des guérisons ».
Les prêtres au service de la médecine obtiennent ce statut après une initiation. Ils forment des corporations et des écoles spécifiques dont les plus célèbres sont celles de Cnide et de Cos.
Aristophane, poète grec ayant vécu à Athènes au Ve siècle avant notre ère, indique-le déroulé d’une célébration dans un temple et décrit comment un aveugle a retrouvé la vue : « Le dieu s'est assis auprès de Plutus et lui a d'abord touché la tête, ensuite il lui a essuyé les yeux, il a sifflé, et deux serpents sont sortis du sanctuaire ; je crois qu'ils ont sucé les yeux de Plutus, car il a recouvré la vue ».
Le magnétisme chez les Grecs : 3. La révélation en songe
Tout comme les Egyptiens, les Grecs vouaient une grande importance dans certains temples de guérison à la « révélation » des remèdes par songe qui se pratiquaient sur des peaux de béliers. Les visions étaient alors interprétées pas les prêtres. L’oracle d’Amphiaraüs par exemple jouissait d’une grande renommée. Pausanias indique à son sujet que « C'est par des songes, qu'Amphiaraus fait connaître l'avenir, depuis qu'il est au rang des dieux. Celui qui veut le consulter se purifie d'abord par un sacrifice qu'il offre à Amphiaraùs ; après plusieurs jours d'abstinence et de fréquentes expiations, il lui immole un bélier sur la peau duquel il se couche, et il attend en dormant qu'un songe lui apprenne ce qu'il veut savoir ».
Les prêtres faisant de leur savoir un métier, en attendaient, comme dans toute profession, une rémunération que l’on découvre toujours dans le même récit d’une manière fort distrayante : « Il y a tout près du temple une fontaine qui porte le nom d'Amphiaraùs. On n'y offre pas de sacrifices, et son eau ne sert ni pour les lustrations, ni pour se laver les mains ; mais ceux qui ont été guéris de quelque maladie par les conseils de l'oracle, y jettent de l'or et de l'argent monnayés ».
Cette place importante du songe se retrouve également chez Aristote (-384 , -322) qui écrit un ouvrage sur la Divination par le sommeil : « Dans le sommeil, on sent mieux que dans la veille les petites émotions intérieures. Ce sont elles qui apportent les visions qui mettent dans le cas de présager sur les choses mêmes d'où sont émanées les impressions. Les commencements dans les maladies comme dans tout le reste, sont faibles, et dès lors, peu sensibles. Mais s'ils se dérobent au tumulte du jour et à l'inattention des sens, ils doivent être nécessairement plus évidents la nuit, et faire présager, pendant le sommeil, les maladies ou les affections qui doivent se développer dans le corps ». La formation magnétisme permet de découvrir tous ces paramètres.
Le magnétisme chez les Grecs : 4. Hippocrate, la médecine moderne et le magnétisme
Comment ne pas parler de la médecine grecque sans faire référence à Hippocrate. Il s’inscrit à la fois dans et à côté de la médecine de son époque. Il écrit ainsi un Traité des songes dans lequel il accorde, comme les égyptiens avant lui, une place centrale à l’usage de cette technique dans la guérison : « Toutes les affections du corps et de l'âme, l'âme les fait elle-même pendant le sommeil. Celui qui en juge bien possède une grande partie de la sagesse. Quelques songes sont divins : ils indiquent les choses bonnes ou mauvaises qui peuvent arriver aux états et aux particuliers, sans qu'il n’y ait rien de leur fait, et pour en juger, il y a des hommes qui ont une science certaine. Mais il y a d'autres songes où l'âme annonce à l'avance les affections du corps, un excès des choses les plus naturelles, de plénitude, de vacuité, ou un changement dans celles qui sont les plus habituelles ».
Il met également en place des frictions qui vont se généraliser dans la Grèce antique, prévalent le magnétisme comme nous l’utilisons actuellement dans nos sociétés occidentales. Il prône également ce que l’on qualifierait de médecine moderne à travers la mise en place d’un diagnostic et d’un traitement adapté.
Le magnétisme chez les Grecs : 5. Les toucheurs
Le magnétisme chez les Grecs. Les toucheurs sont ceux qui vont utiliser leurs mains pour guérir. Ce sont nos actuels magnétiseurs. Cette approche se trouve dans l’Illiade où Homère fait référence à la main médicale, organe qui a la faculté de guérir. Ulysse, blessé, vit son sang s’arrêter de couler par des paroles magiques. Cratès, disciple de Diogène, raconte également la place des magnétiseurs : « Il y avait dans l'Hellespont, du côté de Parion, une espèce d'hommes appelés ophiogènes, qui avaient le don de guérir par le tact les morsures des serpents et de faire sortir tout le venin du corps, en y appliquant seulement la main ». Il est par la suite fait référence, dans ce qui constitue la première approche théorisée du magnétisme que la force qui émane du corps peut être augmentée par l’intention.
Pline, dans son Histoire naturelle, indique pour l’usage du magnétisme qu’il « n'est pas question ici de pratiques superstitieuses, mais de remèdes, comme dans le cas où l'usage du lait de femmes nouvellement accouchées, le seul attouchement du corps et d'autres moyens semblables ont opéré quelques guérisons ».
Les Grecs partagent encore beaucoup d’éléments semblables à ceux des Egyptiens dont ils se sont beaucoup inspirés. Il faudra par contre attendre l’avènement des religions monothéiste pour qu’une grande partie de ces pratiques disparaissent, comme celles des temples et des révélations par les songes.



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