top of page

Différentes approches de Puységur

Après avoir étudié la découverte du somnambulisme de Puységur dans un autre article de blog, plongeons maintenant dans d'autres découvertes qu'il a réalisé durant ses expériences de magnétisme.

Formation stage magnétisme magnétiseur

Devant la foule qui se presse à lui, Puységur cherche une solution pour aider tout le monde. Lui vient alors l’idée d’utiliser un expédient qui se trouve être un grand orme près de la fontaine. Il va le magnétiser et y faire accrocher des cordes aux branches sur lesquelles les malades viennent s’y accrocher et retrouvent leur bien-être. Cette idée était déjà présente chez Mesmer afin de soulager le plus grand nombre sans la présence du magnétiseur. Afin de mettre en symbiose toutes les personnes présentes, Puységur leur faisait chanter des chants d’église ou des psaumes, souvent accompagné par le magnétiseur à la harpe.

La Société Harmonique des Amis Réunis de Strasbourg

Si Puységur met à disposition des malades ses découvertes pendant près de 40 ans, il ne faut pas oublier qu’il occupe également des fonctions militaires à Strasbourg. Afin de diffuser ce nouveau savoir auprès de ses pairs et dans sa région, il créé en 1784 la Société Harmonique des Amis Réunis de Strasbourg pour regrouper ce que l’on peut qualifier de disciples.

Dans sa continuelle tâche d’expérimentateur, Puységur emmène avec lui médecin et noblesse locale dans des tests et des cures qui connurent un grand retentissement (jusqu’à la révolution). Dans une démarche encyclopédiste, tous les comptes rendus furent regroupés dans des annales regroupant plus de trois volumes d’expérience de tout genre mais accréditant toutes les nouvelles découvertes.

Un cas marquant se trouve parmi les nombreux malades qu’il a accompagné. Très touché par les plus modestes qu’il soigne en priorité, se présente à lui en 1812 le jeune Alexandre Hébert, enfant psychotique âgé de 12 ans qui dans ses crises se jette la tête contre les murs. Il vécût jour et nuit avec le marquis qui travaillait sur le jeune garçon à chacune de ses crises jusqu’au retour à son état normal.

Les limites

Puységur, après avoir tenté son approche magnétique sur les non malades et constaté qu’aucun effet n’apparaissait, a décidé clairement d’abandonner cette piste. Mais pouvoir agir sur des personnes dans un état « second » attire un certain nombre de personnes orienté dans des dérives ésotériques, mystiques ou pour offrir du spectacle (d’autres dérives moins joyeuses pouvaient également tenter certaines personnes). « J’ignore si l’on peut vouloir le mal aussi fortement que le bien. Si cela est, que n’y aurait-il pas à craindre des effets du magnétisme animal entre les mains des malhonnêtes gens ? ».

Si nous avons vu que Puységur parvient à fédérer une école autour de lui (les successeurs seront étudiés par la suite), ses découvertes ne tombent pas à point nommé. La commission d’enquête ordonnée par Louis XVI sur le mesmérisme vient de voir le jour avec la condamnation qui en a suivi mettant à mal ses découvertes. Le jugement pour un être visionnaire traverse son esprit, ayant la peur d’être blâmé pour son « manque de jugement, de conduite, d’usage du monde ». La révolution qui suivi ne permit pas mieux de mettre en avant ses découvertes mais ne l’empêcha nullement de poursuivre son travail. Il parvient à accrocher derrière lui quelques disciples et de nombreux ouvrages mais comme tout pionnier, son nom ne restera que très marginal dans l’histoire du magnétisme.

Les suites

Mesmer n’accorda jamais de considération à cette découverte qui s’éloigne de son approche matérialiste, sous-entendant par la même que ce système du somnambulisme favoriserait le charlatanisme. Mais cette découverte fit de nombreuses émulations autour de sa maxime du magnétisme spirituel : Veuillez et croyez reprise quelques temps plus tard par Deleuze : Volonté active vers le bien, croyance ferme en la puissance magnétique, confiance entière en l’employant. Tous ces penseurs s’accordent sur trois constituantes de l’homme : l’esprit, l’âme et le corps (mens, anima et corpus).

  • L’âme est le soleil du macrocosme et a son siège dans la région diaphragmatique (plexus solaire) ;

  • L’esprit répond à la lune qui reflète la lumière de l’âme et siège au cerveau ;

  • Le corps est la terre et réside dans la région de l’abdomen.

Pour hiérarchiser les orientations, il existe :

  • Les spiritualistes trinistes ou puységuristes qui accordent une place centrale à la volonté tout en reconnaissant l’importance du fluide comme cause instrumentale et subordonnée à la volonté.

  • Les spiritualistes absolus qui n’admettent pas l’existence du fluide. Seuls compte la volonté, la prière, les invocations, les exorcismes… (barbarin…)

o Certains pensent agir directement sur le patient

o D’autres agissent indirectement par l’intermédiaire d’anges, esprits, âmes des morts…

§ Certains accordent la priorité à l’âme humaine (les esprits arrivant en second)

§ Les esprits tiennent le premier rôle et l’âme du magnétiseur sert de canal à son influence.

  • Les spiritualistes ouverts à l’influence matérialiste.

  • Les matérialistes

o Ceux qui considèrent que l’homme est le moyen, l’instrument de l’action

o Les « vrais » Mesmériens où l’homme est l’intermédiaire entre le fluide et le patient.

Lavatier par exemple, partisan du magnétisme dès la première heure, définit la discipline comme « une indubitable force secrète par laquelle on peut agir avec le même succès sur les choses matérielles et immatérielles des deux mondes ». Il s’écarte ainsi du magnétisme matérialiste pour rentrer dans le magnétisme spiritualiste avec la force des prières et une action de la volonté pour guérir les maladies et chasser les mauvais esprits.


Tardy de Montravel se livre lui aussi à des expérience de magnétisme et de somnambulisme. Il publie en 1786-87 le résultat de ses travaux et observations dans son Essai sur la théorie du somnambulisme. Cet état particulier est alors considéré comme le 6e sens, l’intermédiaire entre l’âme et le corps. « l’homme est composé de trois parties bien distinctes : l’homme intellectuel, immatériel, qui est l’âme ; l’homme intérieur, le sixième sens, l’instinct, et si l’on pouvait ainsi parler, l’âme matérielle ; et enfin l’homme purement matériel ou le corps tel qu’on l’a connu jusqu’à ce jour, c’est-à-dire la machine agissante au moyen des cinq sens connus ». L’âme dans l’état de somnambulisme « plane » et « embrasse d’un vaste coup d’œil toutes les possibilités physiques, qu’elle n’eût parcourues dans l’état de veille que successivement ».

Bibliographie d'ouvrages de Puységur

Armand Marie Jacques de Chastenet de Puységur, Mémoires pour servir à l'histoire ainsi qu'à l'établissement du magnétisme animal, 1784.

Armand Marie Jacques de Chastenet de Puységur, Du magnétisme animal reconnu dans ses rapports avec diverses branches de la physique générale, 1807.

Armand Marie Jacques de Chastenet de Puységur, Recherches, expériences et observations physiologiques sur l'homme dans l'état du somnambulisme naturel, et dans le somnambulisme généré par l'acte magnétique, 1811.

Armand Marie Jacques de Chastenet de Puységur, Appel aux savants observateurs du dix-neuvième siècle, de la décision portée par leurs prédécesseurs contre le magnétisme animal, et fin du traitement du jeune Hébert, 1813.

Armand Marie Jacques de Chastenet de Puységur, Les vérités cheminent, tôt ou tard elles arrivent, Paris, Dentu, 1814.

Restez connecté : recevez la newsletter
bottom of page